Je grogne doucement en me frottant les yeux. Hm.. Quelle heure est-il ? J'entrouvre les yeux, balayant rapidement ma chambre du regard. Ou ce qui est censé être ma chambre. Je me redresse légèrement, tendant ma main pour saisir mon téléphone portable. 9H02 du matin. Je n'arrive jamais à dormir plus de quatre heures par nuit, c'est affreux. Et ce téléphone ne me sert absolument à rien. Personne ne m'appelle. Mais 'on sait jamais' il me dit. Il est le seul à avoir mon numéro aussi. Je crois qu'il a peur qu'il m'arrive quelque chose ou que je me perde. Dans ce cas là, il cherchait à me joindre. Pourtant, je ne sors jamais sans lui. J'ai beaucoup trop peur d'un nombre incalculable de choses. C'est affreux de vivre de cette façon là. De ne savoir rien. De faire des choses sans savoir dans quel but. Je reste quelques minutes sur le lit, jouant avec le bout de ma couette et en jetant quelques coups d'oeil au plafond. Je me demande à quoi ressemblait ma vie avant, si j'avais des amis, des parents, des personnes qui tenaient à moi. On ne dirait pas, pourtant... L'accident a lieu il y a presque trois mois à présent et personne ne m'a donné de nouvelles. Je secoue doucement la tête, remettant quelques mèches blondes derrière mon oreille. Il est temps que je me lève. J'avoue avoir quand même eut un petit peu de chances. Je me dirige vers la salle de bain, baissant rapidement mon boxer et retirant mon haut, une fois à intérieur. Rapidement, je me débarrasse de mon boxer et finit par y entrer. Je tourne d'abord le robinet de l'eau chaude, puis celle de l'eau froide. Je veux une température tiède, plus chaude que froide. Voilà, c'est parfait. Je laisse l'eau couler, ça me fait du bien, je me vide complétement la tête. Je passe une main dans mes cheveux, baissant la tête et... C'est quoi ça ? Pourquoi c'est rouge ? Pourquoi c'est … ? Je ferme le robinet immédiatement, cherchant l'endroit d'où peuvent provenir toutes ces gouttes. Oh mon dieu … Oh non … Je porte une main à ma bouche. Ça recommence... Je me sens légèrement trembler alors que mes yeux commencent à piquer petit à petit. Je prends une grande inspiration, tentant de me calmer par tous les moyens. Aragorn a dit que c'était normal. Il a même essayé de m'expliquer ce que c'était. Mais je trouve ça toujours aussi étrange. La dernière fois, j'en ai pas dormi de la nuit. J'avais trop peur de me réveiller le matin et de voir que je nageais dans une flaque de sang. Alors je restais assise sur le lit, attendant que ça passe. Ça avait duré cinq jours et demi... Le soir du sixième jour, il n'y avait plus rien du tout. J'essuie brièvement les yeux, pour empêcher les larmes de couler alors que je commence à ressentir une petite douleur au niveau du ventre. Je finis par tourner les robinets pour stopper l'eau, je m'empare d'une serviette et je l'enroule fort autour de moi. En marchant, je serre très très très fort une jambe contre l'autre, peut-être que comme ça, ça coulera pas... Je fais petit pas par petit pas, jusqu'à arriver dans ma chambre, me précipitant vers le tiroir. Je cherche sous mes vêtements et récupère un sachet de serviettes hygiéniques complètement vide. Oh non... Comment je vais faire ? Je sens de nouveau les larmes me monter, ma respiration devient de plus en plus haletante et je prends mon visage entre mes mains. Le sang va recommencer à couler et je … Miiiince ! Je regarde par terre, la vue brouillée par les larmes. Bon, pour l'instant il n'y a rien du tout, aucune tâche. Je me pince la lèvre et à cet instant, je me demande vraiment ce qui est pire entre avoir mes règles ou devoir demander à Aragorn de m'acheter ces foutues serviettes qui protègent ! Bon.. Il faut que je m'habille. Je ne peux tout de même pas aller le voir en serviette de bain. Non non non ! Ce serait trop la honte. Je n'oserais plus le regarder durant des jours, voir des mois ! Je cherche donc dans mes affaire un pantalon plutôt foncé et un tee-shirt. Sans oublier évidemment un boxer que je remplis de mouchoirs, au cas où.. Ce truc là, ce sang, ces règles, c'est nul. Je me demande pourquoi c'est juste les femmes qui les ont, d'ailleurs. J'essuie mes cheveux avec une serviette et une fois prête, je me dirige vers la chambre du jeune homme. Et maintenant, je fais quoi ? La porte est entrouverte. Je donne un petit coup, aucune réponse. Deuxième petit coup.. Rien du tout. Je passe alors ma tête et seulement ma tête dans l'ouverture et m'aperçoit qu'il dort encore. Je me pince la lèvre, hésitant à moitié de faire un pas de plus. Et finalement, après quelques réflexions, je décide d'entrer. Je n'ai jamais mit le pied ici, je n'ose pas, même quand il n'est pas là. Son ménage, il le fait tout seul, donc il n'a pas besoin de moi. Enfin... En entrant, je remarque qu'il ne le fait pas du tout, en fait. Bizarrement, un sourire se dessine sur mes lèvres lorsque je le vois étaler de la sorte sur son lit. Toujours les jambes très serrées, collées l'une à l'autre, je m'avance tout doucement jusqu'à son lit. Je prends la couverture et la pose sur l'intégralité de son corps, puis, décide de m'asseoir par terre, contre le mur, jusqu'à ce qu'il se réveille. J'avoue qu'au fond, je suis rassurée qu'il ne soit pas encore levé, parce que je ne sais toujours pas comment je vais lui demander ça.. Je ramène mes jambes contre moi, le fixant alors qu'il semble dans un sommeil profond. Les minutes défilent et je reste ainsi, ne faisant pas le moindre mouvement. Sauf que je commence à avoir un peu mal aux jambes, alors je les détends et les allonge sur le sol sauf que … Sans faire attention, je touche le fil de la prise de la lampe de chevet, je me débats, je tire et .. la lampe se retrouve par terre, faisant un bruit monumental. Je porte mes mains à mes joues, fermant les yeux. Quand je les rouvre, Aragorn me regarde... Oh mince. « Je... euh … Bonjour. » Je déglutie difficilement, baissant immédiatement les yeux. « Je voulais pas te déranger, je voulais pas faire de bruits... » Je ferme les yeux, les réouvre et finit par relever le regard vers lui. « Pardon, pardon, pardon... » Je murmure d'une voix à peine audible.

Bravo Lys, tu peux être fière de toi. Je porte mes mains à mes joues, fermant les yeux quelques secondes. Je n'arrête pas de faire des bêtises, Aragorne va finir par en avoir marre de moi. Non seulement je ne sais rien, je vis dans l'inconscient mais en plus, il faut que je me complique la vie. Je pose des questions sur tout et n'importe quoi, des trucs de base que même les enfants doivent savoir. Mais moi, je ne les sais pas. C'est le trou noir … J'ai des migraines insupportables des fois et parfois, je n'arrive pas à trouver le sommeil. J'ai beau fixer le plafond, compter les moutons, rien n'y fait... Aujourd'hui, j'ai fini par ne même plus sentir la fatigue. « Je... euh … Bonjour. » Je … C'est tout ce que j'arrive à dire, lorsque je remarque les yeux du jeune homme se poser sur moi. Il avait sans doute besoin de quelques heures de sommeil en plus. Déjà, je n'ai rien à faire là, c'est sa chambre à lui. Il va peut-être vouloir me mettre dehors ? Oh non, pas ça... « Je voulais pas te déranger, je voulais pas faire de bruits... » Je ferme les yeux encore une fois, comme si j'avais peur de sa réaction ou de ce qu'il allait me dire. Alors sans qu'il ait le temps d'ajouter quoi que ce soit, je me dépêche de m'excuser. « Pardon, pardon, pardon... »  Je n'ai vraiment pas fait exprès, c'est encore ma maladresse légendaire qui fait des siennes. Le jeune homme se redresse et se retrouve assis sur le lit. Bizarrement, j'ai bien du mal à quitter son torse des yeux. Je ne l'ai jamais vu torse nu et je crois bien que je commence à rougir. Il est.. superbe. Bien taillé, bien musclé. C'est la première fois que je le vois torse nu et je suis prête à parier une paire de chaussure que je suis aussi rouge qu'une tomate. Non, en fait, rectification : c'est la première fois que je vois un homme torse nu, carrément. J'en vois à la télé, mais ce n'est pas du tout pareil. Peut-être qu'avant l'accident, j'en voyais souvent, je ne sais pas, je ne sais plus … Rien que l'idée de me rappeler que je vis constamment dans l'inconscient m'attriste encore plus que je ne le suis déjà. Je ramène mes jambes contre moi et les serre très très fort. Ça ne doit pas couler. Pitié, faîtes que ça ne coule pas. Aragorn se lève complètement et j'écarquille les yeux lorsque je vois que son pantalon commence à tomber. On voit à peine le haut de ses fesses qu'il le remonte aussitôt et je lâche un soupir de soulagement. Il s'installe à côté de moi, embrassant ma tempe ce qui me fait rougir encore plus, si c'est possible. « S'il te plaît arrête, ce n'est pas grave » Ses paroles me rassurent quand même un petit peu, mais il en faut plus pour me convaincre. « Je suis désolée pour la lampe... On ira faire les courses et je te choisirais une autre toute jolie. Je peux même ranger ta chambre si tu veux, pour me faire pardonner ! » Je dis ça très rapidement, j'espère quand même qu'il a eut le temps de comprendre. Je détourne la tête. Il m'intimide, je suis incapable de le regarder dans les yeux plus que deux secondes. Il est trop … imposant. Intimidant. Et c'est trop gênant. « Hey... Tu vas bien ? Tu sais que tu peux tout me dire hein... » Je souris timidement en baissant la tête. Comment lui dire ça ? Je crois que ça ne se dit pas en plus. Oh et puis zut. « Oui, oui, je vais bien. » Je prends une grande inspiration, je dois me calmer. Il me faut juste un tout petit peu de courage pour lui en parler. Puis, la dernière fois quand il m'a expliqué, ça n'avait pas du tout l'air de le gêner. « J'ai juste un petit problème... » Voilà, on commence tout doucement, puis en enchaîne et on lui explique. Je tourne ma tête vers lui mais baisse immédiatement les yeux. C'est là que mon regard percute son torse et s'attarde sur une petite chose. « Je savais pas que tu avais un tatouage... Ça représente quoi ? »

Je tente de garder mon calme alors que le voir aussi peu habillé me rend toute chose. Je ne comprends même pas que je puisse autant être embarrassée. C'est que... je ne pensais pas qu'il pouvait être aussi musclé … Aussi bien foutu, comme disent ces filles de la télé réalité que je regarde chaque soir à 19h. Je sens mes joues devenir roses puis, rougir jusqu'à atteindre la couleur d'une tomate bien juteuse. Après avoir regardé chaque partie, chaque centimètre de son torse sculpté, je baisse instantanément les yeux, ayant peur qu'il ait remarqué mes regards trop peu indiscrets. « Ce n'est vraiment pas la peine Lys. Mais si tu veux on ira en acheter une ensemble si cela te plaît tant. » Je hoche la tête, approuvant ce qu'il it puis, je me pince la lèvre, gardant mes yeux baissés. Je sais bien que je peux tout lui dire. J'ai bien remarqué les efforts qu'il fait pour me mettre à l'aise. Mais c'est juste plus fort que moi … Déjà, il fait une tête, voir une tête et demie de plus que moi. En plus d'être grand, il est musclé, il est … Intimidant. Je sais bien que je devrais me sentir en sécurité, d'ailleurs, c'est le cas. Si je vais avec lui au jour d'aujourd'hui, c'est parce que je reste persuadé qu'il est le seul capable de me protéger comme il se doit. Je lève quelques secondes mes yeux vers lui, scrutant son visage. Ses cheveux sont tout décoiffés, ça lui donne un air complètement négligé et il est encore plus adorable. Il a l'air tellement … Confiant. Sûr de lui. Et moi à côté, je suis incapable de savoir qui je suis. Je suis indécise, je sursaute au moindre bruit et j'ai peur. J'ai tout le temps peur. Constamment. Je n'arrive jamais à me rassurer. J'ai l'impression d'avoir peur de tout. De n'importe quel bruit, surtout. Je soupire tout doucement. Je dois me ressaisir. Aragorn n'a pas besoin d'un boulet. « Oui, oui, je vais bien. » C'est la vérité. Je vais bien. Je dois juste lui parler de quelque chose qui sans doute est pour lui un détail insignifiant. Mais pour moi, c'est affreux. Vraiment vraiment vraiment affreux. Je ne comprends pas comment toute cette quantité de sang peut sortir de cet endroit là. Et puis, ça vient d'où d'abord ? Aragorn a tenté de m'expliquer mais je rougissais tellement qu'il a du arrêter. J'avais chaud et j'étais plus rouge que l'arrière des chaussures Louboutin. Moment gênant. Très gênant. Je n'ai pas envie de revivre ce genre de moment à cet instant. Je me pince la lèvre et lorsqu'il vient s'asseoir à côté de moi, je suis bien obligée de relever la tête pour le regarder. Comme si c'était possible, mes joues deviennent encore plus rouges alors qu'il embrasse ma tempe. Oulaaah. « J'ai juste un petit problème... » Je lâche un peu timidement. Je ne sais même pas par où commencer. Je me mords l'intérieure de la jour puis tourne la tête vers lui, prête enfin à lui avouer ce qui cloche. Mais mon regard se pose directement sur son torse que je scrute, assez indiscrètement d'ailleurs. « Je savais pas que tu avais un tatouage... Ça représente quoi ? » Je ne m'en rends pas bien compte mais mes yeux sont rivés sur cette partie là de sa peau et je suis incapable de détourner le regard. C'est quand même bien curieux, ce que ça représente. Ça ne me regarde sans doute pas, mais je me suis obligée de poser la question. Encore cette foutue curiosité qui prend le dessus. « Un prénom... Celui de mon jumeau... » J'écarquille les yeux, relevant tout de suite ma tête vers lui, les sourcils froncés. « Tu as un frère jumeau ?! » Je ne le savais même pas... Je ne l'ai jamais vu. Jamais croisé. Pourquoi il ne vient jamais ? Est-ce qu'ils se sont disputés ? Peut-être qu'ils sont fâchés ? HAN ! Et s'il avait l'habitude de venir sans que je le sache … Du coup, je pensais peut-être que c'était Aragorn alors que c'était son frère ?! Non … Il ne me ferait jamais ça. Je baisse machinalement les yeux, scrutant son tatouage. Je tends doucement ma main, demandant au passage. « Est-ce que je peux toucher ? » J'en ai jamais vu, des tatouages. Je ne sais pas ce que ça fait. Alors sans même attendre sa réponse, mes doigts effleurent sa peau et se retrouvent à sa caresser cette partie là de son torse. C'est étrange... C'est comme s'il n'y avait rien du tout. Juste sa peau. Et elle est douce en plus … « Mais ne change pas de sujet... Quel est ton problème Lys ? »  Sa question me fait légèrement sursauter et je me rends compte que MA MAIN est entrain de CARESSER son TORSE. Mes joues virent au rouge et je retire immédiatement ma main. Je me mets debout sur mes genoux, approchant mon visage de son oreille, pour murmurer doucement. Comme si j'avais peur que quelqu'un d'autre m'entende. « Tu te rappelles du problème que j'ai eut la dernière fois ? » Je marque un temps de pause, fermant les yeux. Je suis bien contente d'être comme ça et qu'il ne puisse pas voir mon visage, parce que je ne sais pas où me mettre. « Ça recommence... Et je ne sais pas quoi faire... »