Je suis née, on m’a donnée, on m’a adoptée et puis voilà. Il n’a pas grand-chose à dire sur mes premiers instants de vie. Ah, si! Je suis née cette journée où la plupart des enfants sont dans les rues à faire la cueillette de sucreries. On voit toutes sortes de déguisements, des plus farfelus aux plus classiques. Sorcières, fantômes, vampires… Tout y passe. Je ne fis pas exception à la règle. Ma génitrice venait de mettre au monde un vrai démon! Ne dit-on pas : « Qui choisit, prend pire »? Mes parents auraient dû écouter ce vieux dicton. En me choisissant, ils ignoraient encore tout l’enfer que je leur préparais. Dès mon plus jeune âge, mon entourage pouvait se rendre compte que je n’étais pas normale. J’appris à marcher rapidement, mais je parlai beaucoup plus tard que la plupart des enfants. Je pouvais rester des jours entiers sans faire un seul son. Il fallut que je rencontre des dizaines de médecins. On crut d’abord à l’autisme pour mon mutisme et la bulle que je m’étais créée. Ils étaient à des miles de la vérité. Mes parents m’envoyèrent chez des spécialistes de tous les genres. Lorsque les premiers mots sortirent de ma bouche, ils crurent à un retour normal de la situation. Pauvres eux…

« Nous ne pouvons plus la garder avec nous. Elle est dangereuse pour les autres enfants et pour nous aussi. » Renvoyée de ma petite école pour avoir mis le feu à des jouets dans la cour arrière… et je n’avais que cinq ans. Dès mon plus jeune âge, je ne créais pas de lien avec les autres du jardin d’enfants. La plupart du temps je restais toute seule. Seule… Je ne l’ai jamais été. Mais à cet âge, on ne comprend pas. On ne sait pas que ce n’est pas normal, que les autres camarades n’ont pas des « amies » dans la tête. Je changeai trois fois de garderie cette année-là. Parce que j’étais méchante, je dérangeais, je ne respectais pas l’autorité… Mes parents n’y comprenaient rien. À la maison, j’étais toujours calme, dans ma chambre : je ne parlais que très peu, je dessinais surtout. Il ne pouvait pas imaginer que, dès que j’entrais en contact avec des gens de l’extérieur, je n’étais plus la même enfant. Je dus faire mon éducation dans une école spécialisée pour les enfants avec des problèmes de comportements. Ce fut la même histoire qui se répéta. Renvois, spécialistes, expulsion, retenues, médecins, psychologues… Alors qu’ils me croyaient endormie, je pouvais entendre mes parents pleurer sur mon sort, sur leur sort.   N’importe qui aurait souffert d’entendre cela, n’importe qui se serait senti mal et aurait changé de comportement. N’importe qui de normal l’aurait fait. Mais je ne suis pas normal, je ne suis pas comme tout le monde. Je ne veux pas être comme tout le monde.

« Ils ne sont pas comme nous, May. » « Nous sommes mieux qu’eux tous. Ils ne méritent pas notre présence! » « Nous devrions leur faire du mal, ça pourrait être drôle, non? » « Oh oui, fais leur du mal, May! » Elles. Celles avec qui je serai pour le restant de mes jours, mes petites chéries. Khaly et Misty. Mes voix. Elles me sont apparues clairement à l’adolescence. Avant cela je n’avais rien de bien perceptible. Des sons et quelques mots à peine compréhensible. J’ai souvent eu l’impression que c’est moi qui empruntais leur corps. C’est elles qui me dictent comment agir, elles qui me donnent cette confiance et mon arrogance. J’ai l’impression qu’elles m’ont tous appris. Le cap de l’adolescence ne fut pas plus reposant. On m’avait remise avec les élèves « normaux », faute de place dans une école spécialisée. Je dessinais la plus grande partie du temps. Mes notes étaient médiocres, je n’écoutais pas en classe et je n’adressais aucun mot à personne, excepté pour les insulter et les rabaisser. On me renvoya à 15 ans pour violence: j’avais poussé une étudiante dans les escaliers, sans raison. Mes voix me l’avaient demandé; pour le plaisir, pour passer le temps. Je continuais à voir des spécialistes, maintenant pour mes crises de colère et d’agressivité. On me fit le test ultime qui mit un mot sur ces années cauchemardesques : schizophrénie. J’aime ce mot. Il sonne bien, il est exotique. Mes parents n’eurent pas le choix de m’envoyer dans un camp pour les démons comme moi.  

Ce qui était bien dans le camp, c’est qu’il en avait des plus fous que moi. Cela en faisait des victimes. Des dizaines de personnes plus fragiles les unes que les autres avec qui jouer. Un terrain de jeu grandeur nature. J’étais maintenant en âge de comprendre, en âge de choisir. Je ne voulais pas être normale. Je ne voulais pas « guérir ». J’étais qui j’étais et personne ne pouvait le changer.  J’ai toujours été capable de feindre ma prise de médication, de feindre mes progrès. Mes voix me l’ont appris. Ils se feront tous berner, ils seront tous sous mon « pouvoir ». Tous sauf… C'est toi la copine de Judas ? Il paraît. Cool, il est sexy. Dylan O’Callaghan. Pourquoi elle? C’était difficile à expliquer. Nous étions tout le contraire l’une de l’autre. Elle était fragile, mais elle avait quelque chose qui m’empêchait d’étendre ma dominance sur elle. Elle est devenue une… Amie? Non, c’était plus que ça. Elle est l’exception. Mon exception. Elle est mon humaine. Une des rares personnes qui me voient sous un autre jour, qui me rend normale. Les autres, comme Judas ou son frère, je les apprécie, c’tout. Elle, je ferais tout pour elle. Le jour qu’elle quitta le camp, je détruis tout dans ma minuscule chambre. Je dus attendre deux ans avant de sortir de cette place de fous. J’ai eu le temps de faire beaucoup de dégâts. Coucher avec des patients, des gardes… Faire du mal, beaucoup de mal. C’était une nouvelle passion. Je sortis pour avoir acter mes progrès. Six ans maintenant, que je n’y suis plus, que je ne prend toujours aucuns médicaments, que je m’amuse avec mes deux amies mentales. J’utilise maintenant mon talent en dessin pour faire souffrir et marquer les gens pour la vie. Je bois, je fête, je baise… Je suis le démon de mes parents.
♥

PRENOM / PSEUDO ♦ Cathee  AGE ♦ 20 ans. CONNEXION ♦ Je me rends compte que je suis toujours là haha. DOUBLE COMPTE ? ♦ Une schizo qui a plusieurs perso', c'est normal. PERSONNAGE INVENTE OU SCENARIO ♦ Scéna' de feu de Dydy.  COMMENT ES-TU ARRIVE(E) ICI ? ♦ J'étais déjà ici. COMMENT TROUVES TU LE FORUM ? ♦ Moi et lui, c'est pour la vie. UN DERNIER PETIT MOT ♦ Bulle.