RACONTE TON HISTOIRE ⊹

La jeune femme regarda la route se profilée devant elle, et elle apercevait au loin Sligo et ses lumières de la ville qui dansait dans un ballet multicolore de réverbères et d’immeubles qui semblaient se dressés tels des monstres au-dessus de la tête de cette chère petite Pandore. Elle regarda la lune à son sommet. Elle se décida alors à faire une pause, elle marchait depuis longtemps. Elle avait fait du stop avant, bien sûr, mais maintenant elle se retrouvait sur cette route déserte, seule, dans le froid, avec une seule cigarette et pas de feu. Elle prit place  par terre, dans la bande de verdure qui bordait la route béton. Elle arracha une fleur, pour en enlever les pétales.


... trop de misère dans son histoire. Elle repensait a la signification de ce mot, et elle semblait que chaque phrase qu’elle ait put formuler sur sa vie puisse avoir un rapport avec la misère...Misère. Mot qui avait pris tout son sens à leur arrivée à l’orphelinat. Durant un voyage en voiture jusqu’à Sligo, leurs parents avaient fait un dérapage et s’étaient écrasés contre un arbre. Deux gens biens, sans un sou, mais gentils, adorables. A peine venus de Grèce recommencer une nouvelle vie. Ce n’était pas loin de Sligo, ils étaient à quelques kilomètres de leur rêve, mais la vie reprend toujours ce qu’elle donne. Par bonheur –ou l’inverse, personne n’aurait vraiment sut l’affirmer – les deux jumelles avaient eu la vie sauve. Un miracle. Un cadeau empoisonné que la vie faisait a ces deux petites filles. Les deux petites avaient été placées dans cet orphelinat de Swinford, bâtiment maussade, gris. Finalement, elles avaient vécues à l’orphelinat jusqu’à leur cinq ans. Personne ne voulait adopter une jumelle, c’était cruel, mais personne ne voulait non plus de deux enfants. Avec le temps, on les avait mis dans un coin, surs qu’elles ne seraient jamais prises. Elles volaient de la nourriture et des objets a leurs camarades, ne se séparaient jamais et faisaient des messes basses, mentaient comme des arracheurs de dents et avaient ce sourire qui n’est point propre à l’innocence des jeunes enfants. Quoi qu’il en soit, il y avait quelque chose de malsain dans leur regard, leur attitude fausse, leurs gestes pleins de grâce, puis brutaux une seconde après. Pourtant les parents Jenking, ils les avaient appréciés les deux petites. Alors ils les avaient emmenés à quelques kilomètres de l’orphelinat, dans ce quartier moyen et cet appartement moyen. Ça aurait pu être une vie moyenne. Mais quand leurs parents se rendaient plus souvent au bar qu’à la maison, les deux filles, elles ont préférées chercher l’amusement que le travail. Et c’est quand on rencontre la mauvaise personne qu’on tombe dedans. Dommage, elles auraient pu être de bonnes élèves et avoir une enfance normale, mais fallait croire qu’elles étaient vraiment douées pour tout gâcher. C’était ça, leur misère. Elles n’étaient juste pas faites pour être heureuses.


... de mal elle avait eu à partir. Mais elle savait que ça raison était juste. Elle avait pris la bonne décision en partant du bas. Elle était majeure, elle foutait ce qu’elle voulait de ses petites jambes. Elle était ici aujourd’hui pour une bonne raison. Une promesse. Une promesse brisée. Par Jay. Par sa sœur. Par Clay. Clay, c’était sa meilleure amie, son deuxième tout, le troisième membre de leur petite famille avec Circé et Jay. Une petite brune sympa drôle et pleine de vie. Elle les connaissait depuis plus de trois ans, copine d’école buissonnière, elle avait cependant une belle carrière de médecin devant elle et assez d’argent pour repartir à zéro avec les deux filles, loin de tous, loin de Jay. Mais elle aussi elle avait ses démons. Et Jay l’avait eu, comme il avait tout le monde. Maintenant Clay était morte, et personne ne s’en soucierait. Alors Pandore s’était faite cette promesse, qui consistait à démarrer une nouvelle vie. Elle, elle tiendrait sa promesse. Ils en avaient fait une chacun, et elle était la seule à poursuivre sa promesse. Sa promesse à elle, c’était d’arrêter toutes ces conneries. Le bastons de rue pour du fric, le vol, la drogue une fois de temps en temps, les fêtes qui terminaient mal, les bad tripes et toutes ces choses qui faisaient d’elle ce que les policiers décrivaient comme une délinquante juvénile. Toutes ces choses qui la blessait et la poussait un peu plus dans sa propre misère, qui la détruisait, et détruisait es autres. Clay, sa promesse, c’était d’arrêter la drogue et de prendre un nouveau départ. Promesse rompue. Mais Pandore, elle tiendrait cette promesse. Même si elle ne savait pas trop où elle allait.


Folie. Douce folie. Voilà ce qui caractérisait sa relation avec Jay. Son demi-frère. Il avait été celui s’imposant comme un protecteur, pourtant il n’était rien d’autre qu’un dealeur pourrit qui cherchait seulement deux personnes se mettant en danger à sa place et le portant aux nues. Deux filles intelligentes mais pas assez indépendantes. Et en Circé et Pandore, il avait trouvé ce qu’il lui fallait. Elles s’étaient laissées embarquées dans ses magouilles, puis dans la drogue, puis le vol, puis c’était toujours le même refrain. Dès qu’ils auraient assez d’argent ils partiraient. Mais comment avoir assez d’argent, quand on dépense plus que ce que l’on gagne. Elle l’avait aimé, oui, comme un frère, comme leur triplé, jamais autant que sa sœur, mais il n’arrivait pas loin. Maintenant elle savait. Elle savait que c’était lui qui avait tiré Clay dans l’appart, qui lui avait foutue cette drogue dans le nez, et que maintenant, elle se retrouvait dans un cercueil. Sa promesse, à lui ? Il avait dit qu’il les laisserait s’en aller, qu’il respecterait leur choix. Mais comme toujours il n’avait pas supporter de voir ses protégées commencer à trouver du bonheur autre part qu’avec lui, et il avait ruiné leurs chances de nouveau départ, parce que ça ne correspondait plus à l’idée qu’il s’y faisait, de leur vie. Et il avait recommencé à les remettre dans les mauvaises choses et le plaisir destructeur. Pourtant ce soir elle avait dit non, et dès qu’ils s’étaient endormis, elle était partie. Circé voulait restée avec lui, très bien, pour elle, il n’était plus rien. Et dès qu’elle aurait repris du bon pied sa vie, elle reprendrait Circé avec elle, de gré ou de force. Quoi qu’il en pense, elle ne laisserait pas détruire ce qui lui restait de plus précieux.


Oui, ainsi qu’elle l’aimait Circé. Sa sœur, son double, son tout, sa vie, sa détresse, son espoir. Elles ne s’étaient jamais quittées plus d’une heure jusqu’à maintenant. Elles faisaient tous ensemble. Elles mangeaient ensemble, dormaient ensembles, riaient ensembles, frappaient ensemble, dealaient ensemble, volaient ensemble... Aucun amour, aucune amitié ne comptait sauf la leur, c’était loin de Clay et Jay tout ça, c’était entre elles deux, un langage que celles elles connaissaient. Elles adoraient cette impression, d’avoir une alliée quoi qu’il arrive. Circé, c’était la fille qui charmait, qui rassurait, qui était charismatique. Pourtant au fond, elle était beaucoup plus fragile que sa sœur, plus influençable, puis penchée problèmes. Pandore faisait avec, Circé vivait pour. Sa promesse à elle, c’était d’arrêter de se battre et devenir indépendante de Jay. Pourtant elle était toujours avec lui à cette heure-ci. Elle avait besoin de lui, elle ne savait pas comment lui dire non. Et voilà qu’elles étaient séparées. Et que Pandore était décidée à la sortir de la, a la sauver. Sa sœur l’avait toujours protégée, c’était maintenant à elle de prouver sa valeur. C’était à la plus jeune des deux jumelles de dire ce qu’elle pensait. C’était à elle a vernir au secours de Circé, de la prendre de cet enfer pour qu’ensemble, enfin, elles soient heureuses. Plus jamais elles ne pleureraient, maintenant, Pandore était décidée à faire de sa sœur la plus heureuse des femmes au monde.


... de repères. Plus d’alliés, ni d’ennemis, plus de problèmes de délinquance, elle était nouvelle en ville, et personne ne la connaissait. Elle pouvait se créer une vie, mentir, détruire, reconstruire, prier, donner, recevoir, trouver, perdre... Elle pouvait tout faire à Sligo. Peut-être trouverait-elle de vieilles connaissances, peut-être de nouvelles rencontres. Et elle comptait bien réussir sa vie, s’en sortir, devenir une fille bien, ou tout du moins meilleure qu’elle ne l’était la bas. Plus jamais elle ne serait dans le mauvais chemin, elle savait ce qu’elle avait à faire. Maintenant, son plan était en marche Il était simple, en  parties. Trouver un job, un toit, de la bouffe, ramener sa sœur et vivre heureuses. Peu importe dans quel ordre ça venait, du moment que le bonheur venait à la fin et restait.

Elle posa la fleur maintenant vide de pétale à ses côtés, puis la reprit et la fourra dans son sac. Elle attachait parfois de l’importance à des choses qui n’en valaient pas la peine. Elle se leva, remit ses pieds dans ses chaussures et commença à reprendre la route vers Sligo.