Sujet: beneath the surface (may) Mer 12 Mar - 17:18
Pensive. C'était l'adjectif qui caractérisait Charlotte à cet instant. Se tripotant les mains, se craquant les doigts tout en tapant son pied gauche au sol, elle ne savait que décider. Le choix était cornélien, ce qui avait le don de la faire énormément cogiter. Cela faisait au moins cinq minutes que cette multitude de pâtisseries monopolisaient son esprit. Croisant les bras, désespérée, devant la vitrine, les yeux céruléens de la jeune libraire contemplait, détaillait chaque gourmandise avec envie. Finalement, après mûre réflexion, elle pointa du doigt l’objet de sa réflexion. « Et avec, je prendrais une tarte au citron. Voilà, il m’en aura fallut du temps pour me décider. » « Je commence à avoir l’habitude. Voici pour toi ma Charlotte. » Charlotte eut un rire nerveux avant de répondre avec un air malicieux. « Tu es adorable. » Café en main, elle tourna les talons. Or tellement absorbée par l’envie de sortir du bâtiment, qu'elle bouscula une personne et renversa son café sur celle-ci. « Excusez-m… » Blondie se tût. Elle, c’était elle. La jeune femme déglutit avec difficulté. Légèrement prise à dépourvu. « Excusez-moi, je… je vais vous nettoyer ça. » La jeune libraire ne lui laissa aucunement le temps de rétorquer, qu’elle était déjà partie au comptoir récupérer de l’eau et des serviettes. Aussitôt elle imbiba la serviette et se permit –à son plus grand étonnement et surtout, sans grande réflexion- de tenter de nettoyer la tâche sur le chemisier de cette brune. « C’est de ma faute, je ne regardais pas où j’allais et puis vous… » Elle déblatérait tout ce qui lui passait par la tête, à la limite de la panique. Puis son regard azur croisa celui de sa voisine. Il était d’un bleu. Mais ce n’était pas un bleu qu’elle avait l’habitude de voir. Il était plus foncé, plus sombre que celui de Charlotte. Moins pur, mêlé de brun. Profonds, indéchiffrables, perspicaces et acérés. Un regard qui ne laissait pas le moindre détail lui échapper, gardant son sang-froid en toute circonstance. Ses yeux, petits et perçants, se plissaient souvent quand elle réfléchissait. C’est ce que blondie avait pu remarquer lors de ses observations fugaces. Son regard n’était pas très expansif aussi. Comme si cette inconnue gardait un lourd secret, qui pesait sur son existence. « Vous étiez ici. » Finit-elle par souffler. Réalisant ce qu’elle faisait, elle eut un geste de recule tandis que ses joues se saupoudrèrent de roses. « Si vous voulez, je n’habite pas loin. Je peux vous le nettoyer dès maintenant. » Elle fronça les sourcils. « Ou bien le dressing. Oui, c’est peut-être mieux comme proposition… » Stupide. Elle sentait qu’elle s’enfonçait petit à petit dans son malaise, et sa maladresse. « Charlotte. Je suis la libraire qui tient le magasin à quelques mètres d’ici. »
Sujet: Re: beneath the surface (may) Sam 15 Mar - 4:57
Charlotte & Talhia
BENEATH THE SURFACE
Je pouvais enfin respirer. Je prenais ma première pause de la journée. Depuis ce matin je voyais passé des clients sur ma chaise, un après l’autre. Je ne pouvais pas m’arrêter quelques secondes entre. La clochette qui avait été installée à la porte de la boutique n’avait pas arrêté de résonner. J’aurais voulu l’arracher du mur, la détruire. Chaque fois que le son se faisait entendre, j’enrageais. Un de mes collègues était arrivé en retard. Me refilant ses premiers clients. Il avait encore abusé la veille, étant alors incapable d’entrer travailler à l’heure prévu. Certes, cela me faisait une nouvelle clientèle et du coup, de l’argent supplémentaire. Mais je ne suis pas une machine. J’ai des limites aussi. Je pouvais le voir : le dernier tatouage que j’avais fait, bien que beau, n’était pas aussi précis que je l’aurais fait à l’habitude. Une chance les clients ne sont pas assez experts pour s’en rendre compte. Tant mieux… Cependant, je détestais cette sensation. C’était mon art, ma créativité et que cela soit un tant soit peu gâcher me puait au nez. Lorsque mon collègue s’était finalement pointer à la boutique, j’avais retiré mes gants, pris mon sac et j’avais couru vers l’extérieur. Ah... Soulagement! Je n’étouffais plus. Profonde respiration. J’aurais pris un verre, seulement pour me détendre. C’était ce que je faisais habituellement. Je me sentais toujours mieux par la suite. Cela m’apaisait rapidement. Toutefois, je n’avais rien sur moi et j’étais lâche de me rendre jusqu’au magasin. Non… Je resterais sobre, du moins pour le moment, ce soir serait une autre histoire. Pour le moment, je voulais manger. Un petit restaurant-café se trouvait à quelques mètres de là. C’était parfait. Je n’en demandais pas plus pour me rassasier. J’y entrai avec confiance et en moins de deux, je me retrouvai avec du café brûlant sur le corps. Je ne comprenais pas ce qui s’était passé. C’était aller trop vite pour mon cerveau endormi. « Putain! » Le mot était sorti tout seul. J’avais le regard hypnotisé par la tâche qui grandissait à vue d’œil sur mon haut pâle. Je pouvais entendre la voix lointaine de la personne qui m’avait percuté. Ma colère bourdonnait trop fortement à mes oreilles pour l’entendre clairement et assimiler ses paroles. Je n’avais pas besoin de ça en plus de cette journée merdique. Je relevai la tête, prête à incendier la personne qui avait osé me faire cela. Je restai sans mot, la bouche béante. Eh bien, merde! Je l’avais tout de suite reconnue. Comment faire autrement? Je l’avais si souvent vu, si souvent observé à travers nos vitrines respectives. C’était la fille de la librairie. « Le petit ange », comme j’aimais la nommé dans ma tête. Je la laissais parler et tenter de nettoyer la tâche. Elle était exactement comment je l’avais imaginé : maladroite, timide, pleine de bonne volonté… Elle était tout mon contraire et pourtant, je ne pouvais jamais détacher mon regard d’elle lorsque je l’apercevais. C’était inexplicable. Je souriais; un sourire en coin. C’était amusant à regarder. Mignon, même. Cela devait faire bizarre, elle qui s’affairait sur moi et moi qui souriait. Je ne pouvais faire autrement. « May, de la boutique de tatouage. À côté de la librairie, non? » Je ne pouvais pas faire comme si je l’avais déjà remarqué. Je la jouais en subtilité. Ses dernières paroles me restaient en tête. Chez elle? Oui, emmènes-moi chez toi, petit ange! « Je dois pouvoir porter quelque chose, je ne crois pas que le dressing me donnerait un haut. Chez toi, tu aurais quelque chose à me prêter? » C’était légitime comme question, non? Je souriais toujours de ce même sourire déroutant. Ma colère avait disparue. Ma fascination occupait mon esprit.
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beneath the surface (may)
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