Gabriel admirait le corps inerte de sa sœur. Sa cage thoracique se soulevait dans un rythme lent et irrégulier. L'odeur, les bruits, l'ambiance que l'établissement hospitalier dégageait ne le mettait pas à l'aise. Il avait horreur d'attendre que quelque chose change. Il avait horreur de voir sa sœur mourir sous ses yeux. Mais sa culpabilité le forçait à rester. Le regret le rongerait si il partait tout de suite en courant. Néanmoins, il avait toujours envie de partir de fuir ce désastre, d'échapper aux regards meurtriers qu'il allait recevoir quand ses parents allaient être au courant. Marie dormait paisiblement depuis quelques heures déjà. Gabriel était rassuré mais restait tout de même septique à ce qu'il allait se passer plus tard. L'accident s'était passé tellement vite. Il aurait tellement aimé éviter tout ça. Ne pas être ici enfermé entre quatre murs blancs. Non, il aurait tellement préféré regarder le film qu'ils avaient commencé ce matin. Malheureusement, ils n'avaient pas eu la chance de continuer. Il lui tenait la main pour montrer son soutien. Jamais au grand jamais il ne l'abandonnera. C'est alors qu'il sentit le pouls de sa sœur s'accélérer, la machine s'affola soudainement. Trois infirmières armées d'un défibrillateur entourèrent de le corps de Marie poussant le frangin loin du lit. L'agitation dans la pièce ne faisait que rendre la situation plus stressante qu'elle ne l'était. Soudain, le biip représentant le faible rythme cardiaque de Marie s'arrêta. Silence. Plus personne ne bougeait. Gabriel regardait les yeux remplis de larmes le corps inerte de sa sœur. Tout était fini. Tout était de sa faute. Vulnérabilité, faiblesse, tristesse, solitude, tous ces sentiments là se retrouvaient dans le cœur du brun. Tout était confus. La vie était injuste, on lui avait déjà enlevé sa vrai famille et maintenant sa grande sœur. Il se sentait trahi. Trahi par cette foutue destinée qui n'était pas capable de savoir rendre les gens heureux. La mort avait toujours été quelque chose qu'il n'avait jamais réussi à comprendre. Les poumons en feu, il s'effondra doucement sur le sol et suffoqua bruyamment sans trop comprendre ce qui lui arrivait. Une main posée sur le sol froid de l'hôpital il toussait à s'en déchirer les poumons. Il lui sembla que le temps s'arrêta, qu'il ne s’agissait que d'un rêve, un stupide rêve qu'il avait l'habitude de faire. Perdre ses proches avait toujours été quelque chose qu'il craignait. Il faut croire qu'en ce moment, il commençait à s'y faire malheureusement. Le monde était contre lui. C'était comme si, lui il n'avait pas le droit au bonheur, à une famille parfaite aimante qui partage des repas joyeux le dimanche midi, à une grande sœur avec laquelle il s'entendrait à merveille, une vraie famille, de l'amour. Voilà ce qu'il voulait. C'était pourtant simple. Elle était la seule qui lui apportait une once d'amour mais il fallait qu'elle disparaisse. Il ne sait plus combien de temps il est resté ainsi avant qu'on ne lui enfonce in inhalateur dans la bouche et qu'on ne le soulève du sol. Il aspira une bouffée d'oxygène … une autre … reprit calmement son souffle, le regard flou, les yeux et les joues rougis.

-flashback- Gabriel et Marie étaient tranquillement allongés sur le canapé regardant une série débile qui passait à cette heure ci. Les deux frangins étaient bien là. Gabriel pouvait enfin se détendre un peu de ses entraînements intensifs qu'il suivait. La natation avait toujours été l'une de ses passions. Sa famille « adoptive » le supportait dans ce sport. Il commençait sérieusement à devenir très bon dans ce milieu ce qui lui demandait de s'entraîner encore plus. Il souffla doucement regardant la magnifique blonde qui se trouvait à ses côtés. Se sentant regardée, elle fit de même et rencontra les yeux océans de Louis. « Dis Gaby', tu t'es jamais demandé comment sont tes parents en vrai ? » Outch. Elle venait d'aborder un terrain sensible. Gabriel devenait très facilement irritable sur ce sujet là. Sa famille ? Il ne l'avait jamais connue. Il était né sous X. Tout ce qu'il savait c'était que sa mère était beaucoup trop jeune pour le garder. C'est alors que son cœur se mit à battre irrégulièrement. « Pourquoi tu poses cette question ? » Il essayait de ne pas paraître sec. Fidèle à elle même, Marie insista. Elle voulait savoir. La curiosité était un défaut chez elle. Cela prenait parfois trop de grandes proportions. « Faut bien en discuter un jour. » La phrase de trop. Tout d'un coup, le jeune homme rentra dans une tout autre phase qu'était la tranquillité. Il devint complètement hystérique, rouge de haine, colérique.... Tout un mélange qui ne pouvait porter que préjudice à Marie. Il commença à tout jeter dans tous les sens. Les cousins, les deux verres vides qu'ils avaient utilisé. Tout ce qui était sous ces yeux se retrouvait jeter contre mur. Puis il fit quelque chose qu'il regretta à jamais. Il ne voulait pas faire ça. Sa colère était tellement immense qu'il ne put se retenir. Il la gifla. Il gifla sa Marie. Celle qu'il s'était promis de protéger. Il ne contrôla pas sa puissance. Le geste fait, Marie tomba, se cogna pour finir la tête sanglante au sol. Voilà comme la pauvre Marie termina sa vie. Voilà comment à 16 ans, Gabriel devint un être refermé sur lui même, timide et très associable. -fin du flashback-

« Sa famille » fut directement prévenue du décès de leur fille chérie. Se sentant trahis, ils jetèrent Gabriel de leur maison. Qui aurait pu garder l’assassin de leur seule fille ? Personne, c'était purement humain. Néanmoins, ils s'étaient mis d'accord, cet accident était secret. N'étant pas majeur, Louis changea de famille. Cette fois-ci cette dernière était italienne. Enfin, Gabriel découvrit que cette famille en fait n'était composée que d'un homme plongé dans la solitude.

Les années avancèrent et son père adoptif se maria avec une femme. Tout de suite, le courant était très bien passé entre Gabriel et sa belle-mère. Elle était douce, attentionnée, et très gentille. Tout ce dont il avait rêvé. Sans cesse, elle lui parlait de son fils un certain Elyas. Le jeune brun ne l'avait pas rencontré mais qu'est ce qu'il l'enviait. Il s'impatientait de le croiser et peut-être de sympathiser avec lui. Se faire un nouvel ami, c'est tout ce qu'il désirait. Quelques temps plus tard, ils déménagèrent en  Angleterre. Gabriel ne faisait qu’insister pour rencontrer « son frère » alors sa belle mère céda. Leur première rencontre ne fut pas si joyeuse que ça. Néanmoins, le courant était plutôt bien passé. Gabriel l'aimait vraiment et s'était rapidement attaché à lui. Du jour au lendemain, tout changea et Gabriel savait bien qu'il ne pourrait plus le voir. Il avait tellement envie de le connaître mais visiblement lui non. Le temps passa vite, tellement vite que Gabriel décida de partir de l'Angleterre pour vivre en Irlande, un pays qu'il a toujours convoité. Là bas, il s'intégra tout de suite trouvant son bonheur enfin. Du moins pour l'instant....