Le froid, cette sensation d'avoir été attiré dans le froid subitement alors que j'étais au chaud. Le fait de sentir sa peau se glacée d'un seul coup, ayant prit l'habitude d'être dans un bain chaud. Je me mis à hurler mon mécontentement, putain la lumière me brûle les yeux en même temps. C'est quoi ici ? Je hurlai tout ce que je pouvais, montrant ainsi ma magnifique voix de Latino, mon père me prit dans ses bras et je commençai à me calmer enfin, putain mais merde il fait froid ! Nous sommes le 24 Août 1992, dans la maternité de Siglo. Je m'appelle Eliott Roméo Norbury, et j'avoue que j'ai extrêmement froid et qu'ils devraient se bougés pour me réchauffer ! Mon père, Jackson Norbury, trente ans, Irlandais, considéré dix ans plus tard comme inapte à travailler à cause d'un AVC. Ma mère, Maria Norbury, vingt-cinq ans, Latina, femme de ménage chez les Dixon-Mills depuis près de dix mois.

Je courrai dans l'immense maison, fuyant ma mère qui était à mes trousses, je riais de bon coeur je crois que j'adorai la faire tourner en bourrique. Ma mère n'aimait pas que je traîne dans la maison des Dixon-Mills à airé tel un voleur alors qu'elle faisait son travail. Elle ne voulait pas me laisser à mon père qui était inapte à s'occuper d'un garçon de cinq ans, du coup elle préférait m'emmener en espérant que je ne fasse pas les quatre cents coups. Moi ne rien faire ? C'est inconcevable ! Et puis il y avait Joe, dans sa chambre la plupart du temps, des fois dans le jardin. Elle était magnifique, ses yeux bleus intenses, ses longs cheveux bruns ondulés, je restai dans le coin de sa porte à la regarder avant de repartir en courant alors que ma mère arrivait. « Elli !! Vas a ser castigado si callado continuos de correr ! » « No mamá ! Quiero no ser castigado! Jamás me cogerás! » L'espagnol me berçait depuis mon plus jeune âge, ma mère me parlait espagnol et mon père me parlait anglais, au moins j'étais sûr d'être bilingue comme ça. J'entendis une porte s'ouvrir et me retournai pour voir Joe sortir de sa chambre, ses yeux malicieux et son petit sourire timide. Je la fixai attentivement et sentis un choc m'attraper d'un coup. « Entonces ? Jamás te cogeré ? Pequeño gilipolla, no te mueves más ! » Elle venait de m'avoir en plein fouet. Je me débattis sous les yeux de Joan, elle rigolait en me voyant faire. Je finis par laisser tomber les armes alors que ma mère m'embarquait avec elle pour continuer à faire son travail. Je fis un petit signe de main à Joe, dégoûté.

Je me penchai sur le berceau dans la chambre d'hôpital, un bébé était dedans, ma petite soeur. Je souris grandement, j'étais grand frère du coup, j'avais pleins de responsabilités à avoir pour elle. Je devais la protéger, l'aimer, lui apprendre à jouer au foot, à faire du skate, à jouer aux petites voitures, à se battre aussi pour qu'elle se défende. Je devais lui apprendre pleins de choses, c'était compliqué d'être l'ainé, le grand frère. Joe va lui apprendre d'autres choses aussi, elle m'a dit qu'elle lui apprendrait des trucs de filles pour m'aider. C'était gentil. En même temps, je passai tout le plus clair de mon temps avec elle, même quand ma mère n'y allait pas, je demandai à aller voir mon amie. Je lui caressai doucement la joue, elle était si petite.. Natalia... Je souris une nouvelle fois, je ne la quittai pas des yeux, comme si elle allait s'envoler si je me retournai ou quoi. Cela fit rire ma mère et mon père qui furent tout de même attendrit pas la scène qui se passait sous leur yeux. Je chuchotai doucement à l'oreille de ma soeur. « Je te protégerai toute ma vie. » Je l'aimais déjà, d'un éternel amour.

J'étais allongé dans le canapé, un joint à la main, Joe et Nat à mes cotés, je tirai longuement dessus, complétement défoncé par la drogue, c'était bon de s'évader comme ça de temps à autres. Je regardai ma soeur et l'embrassai sur la tempe en la serrant dans mes bras. Elle était encore si jeune et insouciante, je savais qu'elle m'aimait trop pour dire quoi que ça soit. Le QG était entre la maison de Joe et la notre, on s'y retrouvés souvent, très souvent même. Et des fois, mon pote Jeff s'y trouvait aussi. On était cul et chemise lui et moi. Dommage que notre relation se soit un peu tendue à cause de la jeune Dixon-Mills, elle avait tout foutu en l'air avec ses airs angéliques et totalement innocente. Je la regardai du coin de l'oeil en lui tendant le joint. Je sentis d'un coup le poids de Natalia contre mon épaule et la bousculait légèrement en riant. « Oh pequeña tu dors ? » Aucunes réponses, je la bougeait une nouvelle fois, rien. Putain. Je me mis au dessus d'elle, vérifiant si elle respirait, non. Son pouls ? Non plus. Putain. Putain. Putain. « NATALIA !! » Je la secouai brusquement alors que Joe me regardait, totalement affolée. Je soulevai ma soeur du fauteuil et la portai pour l'emmener aux urgences. Mes parents allaient êtres fous de rage. Merde ! Je commençai à courir vers la voiture qui était bien plus loin, Joan à mes trousses. C'était un rêve, un cauchemar même ! J'allais vite me réveiller, très vite même. Les larmes brouillaient mon visage alors qu'on arrivait enfin à l'hôpital, Nat fut de suite prise en charge, et ils la réanimèrent, elle finit dans le coma ce qui dura seulement quelques jours.

Cette soirée là, je m'en souviendrai à vie je crois. J'avais frappé un type sous les yeux de Joe qui était un peu trop entreprenant avec elle, je ne supportai pas que quelqu'un l'approche et encore moins si elle n'était pas d'accord. Et il avait dépassé les bornes à mon goût. J'étais arrivé sans réfléchir et lui mit sans doutes la plus grosses droite qu'il n'ai jamais eu de sa vie, puis on été partis, comme si de rien n'était, ou presque. Je voulais que Dixon comprenne qu'il était possible d'avoir un amour "éternel" entre nous, j'étais fou d'elle, et elle était folle de moi, ça se voyait. Je tentai le tout pour le tout à l'embrasser, je crois que ce fut sans doutes le meilleur moment de ma vie putain. Et j'avais reçu un appel... cet appel... « J'arrive tout de suite, Mamà. ». Joe me regardait droit dans les yeux, « Que se passe-t-il Eliott ? » « C'est ma soeur, elle a... un problème. » Puis je partis en courant, les larmes aux yeux. Elle n'avait pas le droit. Je savais qu'elle avait une insuffisance cardiaque, depuis quelques années, mais la crise qu'elle avait fait quelques jours avant n'était pas des plus normale. Je courrai aussi vite que je le pouvais en direction de l'hôpital, comme si ma vie défilait devant mes yeux, comme si j'étais en train de perdre une partie de moi, ma moitié. Et dans mon coeur je t'entends encore jouer à la marelle. Et 1, 2, 3 soleil, et puis te voilà au ciel...

Quelques mois sont passés depuis le décès de ma soeur, j'ai essayé de remonter la pente, et je suis suivit de près par un cardiologue afin de découvrir que je ne sois pas atteint par la même maladie que ma soeur. J'avais encore du mal à y croire, je dormais dans ma chambre, je n'avais pas voulu qu'on touche à ses affaires, et l'enterrement fut le pire de tous. Et puis... j'avais perdu Joe à cause d'une connerie, à cause de cette fille que j'avais embrassé. Je voulais la retrouver à tout prix, il ne me restait plus qu'elle en réalité, j'avais tout perdu. J'essaye seulement de reprendre un court de vie normale...

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