«  J'ai enfin une lettre pour vous, Mademoiselle Williams. » Je tape dans les mains, toute contente. Ça fait plus d'une semaine que chaque matin, j'attends impatiemment le facteur pour intercepter le courrier que mes parents ne doivent à tout prix pas voir. Il me tend la lettre tant attendue et d'un coup, je sens les pulsations de mon cœur s’accélérer. J'ai là mon avenir entre les mains. J'avale difficilement ma salive, ne sachant quoi faire. Je meurs d'envie de l'ouvrir ici, à côté de la boîte aux lettres. Mais si c'est une réponse négative, je préfère encore être dans ma chambre pour sangloter. J'opte donc pour la deuxième option et franchit doucement le pas de la porte, montant discrètement les escaliers menant à ma chambre. Je m'assois sur le lit, le courrier entre les mains. J'ai mon cœur qui bat à une vitesse folle, je ne sais pas ce qui lui prends. Finalement, je me décide. Je prends une grande inspiration et me lance, lisant à voix basse. « Mademoiselle Williams, nous avons bien reçu votre candidature et nous avons le plaisir de vous annoncer que vous êtes acceptée à Harvard Law School ... » L'université de droit d'Harvard. Un grand sourire étire mes lèvres, j'ai envie de crier de joie, de hurler de toutes mes forces mais je ne peux même pas le faire, mes parents risquent de l'entendre et ils ne sont pas au courant. Étant fille unique du grand Williams, il a été décidé que lorsque j'atteindrais l'âge nécessaire, ce serait à mon tour de diriger l'entreprise familiale. Mais j'en ai pas envie... Ce que je veux, c'est faire du droit, devenir avocate, faire régner la justice. C'est tout ce qui m'a toujours intéressé. L'annoncer à mes parents n'a donc pas été une chose facile.. Pourtant, je n'avais plus le choix. Il fallait que je le fasse, j'avais juste besoin du courage nécessaire. Quand ma mère a vu le nombre de fois où j'ai placé puis déplacé et enfin replacé certains objets du salon, elle a compris que quelque chose n'allait pas. En effet, je souffre de tocs, troubles obsessionnels compulsifs qui se manifestent assez souvent mais la plupart du temps quand je suis en état de stress ou d'anxiété.  Elle m'a rassuré et m'a poussé à parler. Elle a été plus compréhensive que ce que j'avais imaginé. Ce fut mon père, qui a eut du mal à accepter la chose. J'ai du être persuasive, lui faire les yeux doux, ceux du Chat Potté et trouver des arguments convainquant pour qu'il accepte. Et il a finit par accepter... A une seule condition. Ca aurait été trop beau, sinon. Je devais rester à la maison. J'étais trop jeune pour partir. Puis avec mes foutus tocs.. mes parents ont affirmé que je n'étais pas prête à quitter le nid familiale. Que je fasse du droit ? D'accord. Mais à condition que je fréquente la fac de white oak station et j'ai finit par accepter.

« Monsieur Hoover vient d'appeler annuler le rendez-vous d'aujourd'hui. » Je relève les yeux ma secrétaire et lui fait un petit sourire. « Très bien.. On va pouvoir fermer plutôt. » Elle me sourit à son tour, puis quitte mon bureau. Âgée de seulement 23 ans, j'ai quand même réussi à avoir mon propre bureau. Ça n'a pas été facile, pas du tout même. J'ai commencé à travailler alors que je n'avais même pas encore vingt ans. J'étais stagiaire chez McGee's & co. Assidue, sérieuse et organisée, Monsieur McGee a décrété que je possédais les qualités nécessaires pour être une bonne avocate. Et qu'en plus, mon savoir faire, ma curiosité et ma volonté de réussir allaient rapidement me propulser au somment. Suite à ça, j'ai décidé d'ouvrir mon propre cabinet. J'avoue que mon père m'a beaucoup aidé, et pas seulement financièrement, puisqu'en quelque sorte, c'est grâce à son soutien que les habitants de la ville ont appris à me faire confiance. Je signe les deux dernières pages puis ferme le dossier que je range dans le premier tiroir. Ma journée est finie plutôt que prévue et j'en suis ravie. J'attrape mon gilet que j'enfile rapidement, mon petit sac et me voilà prenant l'ascenseur de l'immeuble. «  Ashlee ? Ashlee Williams ? » Je tourne la tête en sortant de l'ascenseur et aperçoit une ancienne connaissance du lycée. « Salut.. » Je souffle doucement, un sourire timide sur les lèvres. Le lycée, j'ai l'impression que ça remonte à tellement longtemps. La personne s'approche de moi, puis glisse ses mains dans ses porches. « C'est Thomas. On est sortit ensemble, tu te rappelles ? » Un peu, que je m'en rappelle. Ma vie amoureuse est une totale catastrophe. Mon premier copain était gay. Je ne m'en étais même pas rendue compte ! C'est vrai qu'il avait des manières un peu bizarres et une voix un peu trop aiguë pour un garçon.. Mais je n'ai pas fait de rapprochement ! La honte.. Puis le deuxième, c'était lui. Un geek pur et dur ! Il passait plus de temps avec son ordi qu'avec moi. Alors un jour, j'en ai eut marre, j'ai mit les deux pieds dans le plats et je lui ai clairement demandé de choisir entre son pc et moi. Et cet enfoiré à choisit ses jeux vidéos... J'en ai pleuré pendant des jours. Je ne comprends pas ce qui se passe, ni ce qui cloche chez moi. Je crois que c'est parce que je rêve un tout petit peu trop. C'est peut-être à cause des Disney que je regarde encore, je suis persuadée que quelque part sur cette terre se trouve mon prince charmant. On ne s'est juste pas encore rencontré mais ça va venir, j'en suis sûre et certaine.

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